Paroles d’habitants, manières d’habiter : Sérignac (2000 – 42 min)

Chronique villageoise de l’an 2000 à Sérignac, dans le Tarn-et-Garonne. On traverse le village comme la vie. L’année est rythmée par les temps ritualisés, la Toussaint, le 11 novembre, la fête votive, la fête des battages, les manifestations associatives. L’espace du village est découpé par les lieux de mémoire, de rencontres, d’intégration, de services, de loisirs. Les habitants nous parlent de leur village, de leur commune, des manières d’habiter, des sentiments d’appartenance, de comment on peut être rural en l’an 2000 ; de l’identité communale face aux recompositions territoriales.

Ce film s’appuie sur une recherche qui revisite la commune rurale dans une période de mutation importante des structures et des pratiques intercommunales. Il interroge les nouvelles configurations territoriales et les recompositions sociales du milieu rural : mettent-elles en question la commune rurale dans ses différentes expressions identitaires ? Forment-elles un lieu de la citoyenneté, d’inter connaissance et de savoirs endogènes partagés, voire un lieu de construction identitaire pour les acteurs ? Le rapport au lieu a-t-il un sens ?

La petite commune rurale est en 2000 dans une posture difficile car elle se trouve tiraillée entre des forces endogènes qui sont de l’ordre du continuum, et des forces exogènes qui renvoient à la nécessaire prise en compte des ruptures et des recompositions que connaît le milieu rural, depuis une vingtaine d’années et plus longtemps encore.

La position de recherche que nous présentons se propose de questionner le sens de la petite commune rurale à travers les récits, les pratiques sociales et culturelles des habitants. De quelle manière les acteurs vivent, construisent et maintiennent ce lieu dès lors qu’il leur sert d’identification? Repère-t-on des expressions de l’identité collective et que signifient-elles ? Notre préoccupation centrale est de tenter d’appréhender la force de la localité au travers de repères, de significations et d’expressions d’une identité communale. « ‘Habiter ici, vivre ici, travailler ici’, lu ‘sous l’angle des manières d’habiter’ renvoie à l’analyse des pratiques que les acteurs accomplissent dans leur vie de tous les jours (et dans les rituels) et cela dans un univers qui leur est familier, intelligible de l’intérieur, dans l’organisation sociale du temps, de l’espace et la représentation sociale qu’ils en ont… » (Cassé, Granié, 2000).

Nous avons choisi une commune rurale située en Gascogne Lomagnole : Sérignac (498 habitants au recensement de 1999). Encore très agricole (61 exploitations), ce village développe des formes de résistance (deux écoles avec une trentaine d’élèves, des restaurants, une ferme auberge, des artisans, un club équestre…), même si on remarque, comme dans beaucoup de communes rurales une forte diminution des services (à noter l’importance du ramassage scolaire dans la dynamique de maintien de l’école). La zone artisanale (excentrée) contribue au fait que nous avons à faire à une commune qui ne connaît pas trop de difficultés financières (on note que Sérignac, Maubec et Casterat Bouzet n’ont pas adhéré à la communauté de communes créée en 1997). Sérignac a adhéré au SIVOM de Castelsarrasin en 1999 (ce qui lui permet de participer au contrat de terroir).

Le parti pris est d’une part de donner la parole aux habitants, et de la recueillir, et d’autre part de donner la parole aux lieux et aux temps ritualisés.

Ce film recherche a été réalisé pour le colloque de l’Association des Ruralistes Français organisé par l’UMR Dynamiques Rurales à l’École Nationale de Formation Agronomique de Toulouse, dont le thème était : «  Territoires prescrits, territoires vécus : inter-territorialité au cœur des recompositions des espaces ruraux » (25, 26 et 27 octobre 2000).

Production : ENFA, UMR Dynamiques Rurales

Auteurs : Jean-Pascal Fontorbes et Anne-Marie Granié

Réalisateur : Jean-Pascal Fontorbes

Prise de vue : Gilles Savary

Prise de son : Jean-Pascal Fontorbes

Montage : Guy Chapouillé et Gilles Savary

Commentaire : Anne-Marie Granié

 
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