Marie DERVILLÉ

Équipe de recherche : UMR LEREPS
Date de soutenance : le 04/02/2022, en visioconférence
Direction : Jean-Pierre Del Corso (ENSFEA)

Titre : Le rôle des communautés sectorielles et territoires dans la création et gestion des ressources communes.

Résumé : Mon habilitation à diriger des recherches (HDR) présente une synthèse de mes travaux de recherche sur les dynamiques de création et de gestion des ressources productives communes, menés au cours de mes différentes expériences (consultante, doctorante, maîtresse de conférences). L’objectif central est d’analyser comment les communautés sectorielles et territoriales participent à la structuration des dynamiques agricoles et alimentaires, à travers un cadre institutionnaliste qui éclaire la diversité des formes d’action collective, des conventions locales aux valeurs sociétales en passant par l’action associé au sein d’organisations et les dynamiques publiques. J’ai ainsi pu définir le régime de concurrence comme l’arrangement institutionnel de dispositifs de coordination encadrant les relations entre un ensemble de centres d’accumulation fractionnés et définissant les stratégies concurrentielles possibles. Le secteur laitier constitue l’étude de cas principale, permettant une analyse diachronique et synchronique des régulations et transformations du secteur.
Le premier chapitre introduit mon parcours, de ma formation d’ingénieur agronome à mes recherches actuelles. L’enjeu principal de mes travaux est de comprendre comment les leviers organisationnels et institutionnels peuvent favoriser une synergie entre les actions publiques, collectives et privées pour structurer les dynamiques agricoles et alimentaires. Mon approche épistémologique repose sur une méthodologie comparative et historique, combinant analyse qualitative et statistique, pour comprendre les processus dans différents contextes spatiaux et temporels.
Le deuxième chapitre présente les résultats de ma thèse. Les bases du cadre d’analyse institutionnaliste des dynamiques mésoéconomiques sont posées et son opérationnalité testée avec le cas de l’adaptation des filières laitières de montagne à l’après quotas. J’ai mis en évidence l’évolution des institutions régissant la concurrence dans ce secteur, ainsi que la capacité de certains acteurs sectoriels à se doter de ressources spécifiques en modifiant localement la teneur. L’utilisation de bases de données spatialisées a permis d’identifier des configurations sectorielles distinctes au sein des territoires de montagne. Enfin, les capacités contrastées d’adaptation des filières à la libéralisation des marchés est soulignée ainsi que des mesures politiques pouvant venir renforcer les capacités collectives territorialisées.
Le troisième chapitre explore les atouts et limites de la régulation contractuelle imposée par l’acteur public suite à la libéralisation du marché européen. Les contrats deviennent ainsi un des constituants des régimes de concurrence. Une comparaison France et l’Allemagne a permis d’éclairer les raisons d’une mise en œuvre des contrats défavorables aux éleveurs alors que la cohérence régionale des filières allemandes a permis une adaptation dans la continuité.
Le quatrième chapitre examine la coévolution entre modèles d’entreprise et régulations sectorielles, avec des comparaisons entre la France, l’Allemagne et l’Inde. L’analyse des dynamiques entrepreneuriales a permis de mettre en évidence l’inclusivité du secteur laitier indien, notamment grâce à un modèle coopératif à trois niveaux. Le cinquième chapitre présente mes projets de recherche pour les 10 prochaines années, axés sur le rôle des ressources communes et des communautés dans les transitions vers des systèmes agricoles et alimentaires durables et inclusifs. Ces ressources, qui partagent des caractéristiques avec les ressources publiques et privées, nécessitent une gouvernance distribuée. Mon projet inclut des recherches participatives sur la transition agroécologique, tant en France qu’en Allemagne et en Inde, visant à renforcer la réappropriation des fonctions agricoles et alimentaires par les producteurs et les communautés locales, notamment par le développement de systèmes d’information multicritères au service du pilotage de transitions à plusieurs échelles.

Mots-clés : économie institutionnaliste ; communs complexes ; action collective ; transition ; secteur laitier.

 
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