Nina ASLOUM

Titre : Approche curriculaire de l’intégration des problématiques environnementales dans l’enseignement agricole.

Résumé : Cette note en vue de l’Habilitation à Diriger les Recherches présente une synthèse des activités réalisées dans le cadre de mes missions d’enseignant-chercheur à l’École Nationale Supérieure de la Formation et de l’Enseignement Agricole rattachée à l’Université de Toulouse Jean Jaurès de l’UMR -Éducation Formation Travail Sciences (EFTS). Elle est composée de quatre parties. La première s’ouvre sur le récit de notre itinéraire professionnel. La seconde pose un regard rétrospectif sur une sélection de nos travaux. Notre ambition a été de nous saisir des problématiques auxquelles l’enseignement agricole est confronté et de les questionner dans un principe d’intelligibilité. En examinant dans une approche diachronique l’évolution des curricula, les textes internationaux et les directives pédagogiques des différentes circulaires concernant l’éducation à l’environnement et à l’éducation au développement durable, nous avons montré des modifications importantes du curriculum prescrit et mis en évidence des ruptures, des changements d’orientation certes important mais inachevés.
Notre questionnement principal porte sur la « chaîne curriculaire » : du prescrit par l’institution au curriculum effectif mis en oeuvre par les enseignants en examinant les mutations qui traversent la société et le monde agricole à leur traduction dans le contexte de la formation et à la perception par les enseignants. En posant que les enjeux sont à aborder sous un angle politique et avec une résonance internationale forte, et en examinant avec ce prisme et à cette échelle l’évolution des réformes qui ont intégré les préoccupations environnementales, nos travaux ont permis de montrer que les curricula sont des objets scientifiques en tensions. Traversés par de nombreux enjeux sociétaux, les curricula sont également un vecteur de tension entre le monde de ceux qui les « fabriquent » et celui des décideurs politiques qui portent les prescriptions curriculaires. Interroger les dimensions politiques et idéologiques de ce projet apparaît d’autant plus évident lorsqu’on est confronté à des contenus portant sur des pratiques sociales. Elles se rapportent à des domaines nouveaux correspondants à des savoirs non stabilisés, soumis à des controverses qui questionnent le rapport science-société. C’est particulièrement le cas dans les formations touchant à la gestion du vivant, à la gestion du cadre de vie et à la sécurité alimentaire.
Si nous avons consacré dans notre travail une part importante aux curricula, un autre axe qui concerne la difficulté à appréhender l’activité de travail des enseignants et des personnels de l’éducation a fait l’objet de notre attention. En Sciences de l’éducation de nombreuses recherches sont consacrées à l’enseignement, mais les recherches sur le travail des enseignants ou sur le travail des proviseurs adjoints sont quant à elles peu nombreuses. L’approche que nous défendons est une approche originale qui contribue au développement de la recherche sur l’analyse du travail des acteurs du système éducatif. La troisième partie présente les choix méthodologiques mobilisés pour conduire nos recherches. Enfin, la dernière partie plus prospective, dresse des axes de recherche dans laquelle nous interrogeons la place du chercheur et la distance appropriée compatible avec la fonction critique, quand ce dernier est engagé dans des recherches collaboratives en précisant les principes épistémologiques de la démarche à laquelle nous nous référons.

Mots-clés : curriculum ; environnement ; travail enseignants ; enseignement agricole ; accompagnement du changement.